J’ai découvert Julie Cherki grâce un message sur Facebook de Léa Fery, après quelques recherches, j’ai demandé Léa de nous mettre en contact. Et voilà très belle rencontre avec une photographe modèle qui oscille entre photo « Fine Art » et reportage engagé. Bonne découverte …
ēMBē : Bonjour Julie, merci de répondre à mon interview, peux-tu nous parler un peu de toi ?
Julie : Je vis à Lyon depuis une dizaine d’années, j’ai 31 ans, et je fais de la photo depuis deux ans; avant je n’avais presque jamais touché à un appareil photo mais depuis c’est un peu devenu une ?évidence dans ma vie. J’ai fait un peu d’études d’Histoires et de Lettres modernes mais je me suis pas mal cherché pendant des années et je travaillais dans le commerce en parallèle. Du coup j’ai voulu exercer un peu tous les métiers de la terre sans jamais vraiment trouver celui qui me botte.
ēMBē : Quand as-tu su pour la première fois, que tu voulais devenir photographe ?
Julie : Je ne sais pas si j’ai voulu ou si je veux devenir photographe, ça se fait un peu naturellement petit à petit parce que je fais de la photo tout le temps et que maintenant je me dis que si ça pouvait aussi remplir mon frigo et mettre un toit sur ma tête ce serait chouette, mais je ne crois pas qu’il y ait eu de déclic particulier, j’aime les belles choses et la photo me permet de m’en servir, j’aime aussi son ??? social et c’est surtout un mode de vie qui me plaît, ce n’est pas une ambition au départ, plutôt un constat de vie.
ēMBē : Si tu pouvais retourner 10 ans en arrière, quel conseil tu te donnerais ?
Julie : De m’affirmer telle que je suis, d’aller au bout de chacune de mes envies, et ce même si elles sont nombreuses et changeantes, de m’intéresser plus au monde, et de créer.
ēMBē : Vis-tu de ta production artistique ou as-tu un autre travail?
Julie : J’ai quitté? mon emploi (chez IKEA) en janvier dernier, pour tenter la photo, pour l’instant je crée mon autoentreprise, après on verra, j’espère pouvoir en vivre un jour oui.
ēMBē : Si tu devais faire un autre métier que la photo, lequel ?
Julie : Il n’y a pas tellement de métiers dans lesquels je pense m’investir hors artistiques ou liés ? la photo, du coup il faudrait qu’il y ait un lien. Ou alors, travailler avec des animaux (hors exploitation animale), m’en occuper, les soigner :). Si j’étais quelqu’un d’autre, je voudrais être astrophysicienne ou quelque chose du genre, parce que je n’aurai jamais de rigueur scientifique, mais je trouve ça fou. Et puis là en y pensant il y a tout un tas de métiers qui recommencent ? me faire rêver haha!
ēMBē : Ta devise, quand tu fais une photo ?
Julie : Je ne crois pas en avoir hormis « oh c’est beauuuu! »
ēMBē : La photographie pour toi, c’est ?
Julie : Un formidable moyen d’expression et de communication. Pour moi qui ai toujours été attirée par l’image mais qui ne savais pas trop comment l’aborder, j’aime son côté accessible, parce que d’une part il suffit de pas grand-chose pour commencer, d’autre part, quand on pratique la photo numérique avec un bon appareil, on découvre le monde de la retouche, qui selon moi est une discipline à part entière, j’ai l’impression en post-traitant de repeindre littéralement une photo et j’adore ça, mais je ne pars jamais de rien, pas comme si j’avais un crayon et un papier, il y a une forme préexistante qu’il faut remodeler, ça me plaît beaucoup et je trouve que c’est très gratifiant d’avoir des premiers résultats en peu de temps, ça incite à continuer, et si on a des retours positifs c’est encore mieux en argentique, c’est plutôt la surprise que j’aime, parce que je suis débutante sans doute et que je ne sais jamais trop ce qui va ressortir de ma pellicule. Un moyen de communication aussi parce que la photo permet les rencontres, et donne justification à tout, on peut aller un peu partout quand on a un appareil photo, se proposer pour des tas de choses et on est en général bien reçu. C’est aussi je pense pour ma part, le point de départ à autre chose, parce que j’ai de plus en plus envie de toucher ? d’autres média, la photo m’a installée dans un mode de vie et de création qui me plaît et maintenant je commence ? avoir envie d’en explorer d’autres facettes.
ēMBē : En 1 mot c’est quoi ton style de photographie ?
Julie : Onirique peut-être?
ēMBē : La chose la plus extravagante que tu aies faite en photo ?
Julie : Mon reportage sur la protection animale en Chine je pense, l’hiver dernier.
ēMBē : Ce que tu détestes par-dessus tout quand tu fais un shooting?
Julie : N’avoir aucune photo qui me plaise c’est assez nul, surtout quand quelqu’un a pris de son temps pour poser pour moi
ēMBē : Ton plus grand regret en photo ?
Julie : Je ne crois pas en avoir pour le moment
ēMBē : Qu’as-tu réussi de mieux dans ton travail photographique ?
Julie : C’est peut-être un peu gnangnan mais je pense mes rencontres, parce que je suis très très bien entourée grâce à elles, et ça me motive encore plus ? poursuivre. Pour le reste j’espère réussir de mieux en mieux.
ēMBē : Qui ou Qu’est-ce qui t’inspirent dans la vie et dans ton travail artistique ?
Julie : Mon entourage, mes amis, pour beaucoup dans le milieu de la photo ou artistique, je ne peux pas tous les citer mais en gros il y a une super ?émulation entre nous. Sinon pas mal le cinéma, plus jeune j’étais très fan de Tim Burton par exemple donc je pense qu’il m’a influencée, mais de plus en plus d’univers différents, en ce moment des réalisateurs comme Terrence Malick notamment. Je suis aussi le boulot de photographes de pas mal d’époques différentes, qui m’inspirent, plus ou moins consciemment. Et plus généralement la nature et les endroits fabuleux.
ēMBē : Comment fais-tu pour te motiver et rester au top avec tes photos ?
Julie : Je ne pense pas du tout être au top, c’est en partie ce qui me motive, c’est que je trouve toujours plus beau, plus créatif ailleurs et tous les jours je me dis en regardant quelque chose « aaaah moi aussi j’aimerais savoir faire ça!!! ».Et aussi, j’adore me balader, trouver des chouettes endroits, et après passer des heures de geekage sur lightroom et de plus en plus photoshop.
ēMBē : C’est quoi le matériel dont ? Tu ne peux pas te passer sur shooting ?
Julie : En ce moment mon 135, mais sinon rien
ēMBē : Sur un shooting c’est la grosse équipe ou petit comité ?
Julie : C’est une personne et moi généralement.
ēMBē : Peux-tu prendre une de tes récentes photos et expliquer ta recette… de l’idée ? la publication sur ton site ?
Julie : J’ai fait cette photo dans le cadre de la série « Déments songes ». La veille j’en avais fait d’autres avec Caroline et on a eu la chance d’avoir de la brume, je savais à peu près ce que je voulais mais le fait d’avoir cette ambiance a encore plus accentué? le coté froid et fantastique. Du coup je voulais pour celle-ci quelque chose de beaucoup plus chaud, dans le même type d’environnement, donc on y est allé? au coucher de soleil, et on a eu ça in extremis (in extremis parce qu’il y avait plein de nuages et on cherchait un autre coin que celui reperé au début quand il a été inondé de lumière d’un coup et qu’on a dû courir pour y retourner, que j’ai fait plein de photos en catastrophe et en pleine panique avant que le soleil se cache à nouveau pour de bon haha!). Après j’ai fait deux trois choses ? la retouche pour accentuer le coté immense et un peu mystérieux. Je cherche un peu tout le temps en terme de post-traitement, c’est juste qu’à un moment donné je considère la photo terminé.
ēMBē : C’est quoi l’idée derrière la série : « Déments Songes » ?
Julie : C’est des photos que j’ai faites à la demande d’une troupe de théâtre (la Grande Tablée) qui jouait « Les piliers de la société? » d’Ibsen au théâtre l’Élysée en avril. Ils voulaient une exposition de photos qui soient inspirés de la pièce. Un des thèmes de la pièce est le mensonge (social, privé?) et le faux semblant, et j’ai retrouvé? dans certaines photos que j’avais déjà faites des attitudes qui m’évoquaient le fait de se mentir ? soi-même, de se cacher ? la vérité? et au monde extérieur, donc j’ai continu? sur cette série là.
ēMBē : C’est quoi ton plus grand challenge quand tu fais une photo ?
Julie : La réussir haha!
ēMBē : Je viens de faire un tour sur ton nouveau site, c’est une nouvelle ?tape ?
Julie : Ca fait surtout partie de mon envie de « professionnalisation ».
ēMBē : Justement sur ton nouveau site, on voit une grande diversité? de photos. comment tu définis ton style ?
Julie : J’aime bien l’idée de toucher un peu ? tout
ēMBē : Il y a aussi une série plus engagé « protection animale en chine« , pas trop difficile de faire ce genre de reportage en Chine ?
Julie : C’était un peu difficile parce que surtout c’ était un voyage initiatique, c’ était la première fois que je partais dans un pays avec une culture différente, où presque personne ne parle anglais (et je ne parle pas chinois), et que je restais seule le temps du reportage, soit deux semaines (je suis partie un mois et demi et le premier mois était consacré à du tourisme avec un ami, qui est rentré? juste avant le début de mon reportage), donc ?a faisait beaucoup d’?motions d’un coup. Mais le contact que j’avais en France, une militante chinoise pour la cause animale qui vit ? Paris, avait tr?s bien préparé? les choses et j’ai fait des rencontres géniales sur place, vécu des moments très forts comme l’interception d’un camion de trafic de chats (destinés ? la consommation). Je n’ai pas vu de choses trop trop dures en fait, choquantes quand on n’a pas l’habitude mais moindres que ce que j’ai pu déjà voir dans d’autres reportages, même s’il s’en passe tous les jours un peu partout. Par exemple, je sais que les chiens que j’ai vus sur les marchés (outre le fait que j’en ai vu des vivants et mal en point) sont tués dans des conditions extrêmement violentes, ? coups de matraque par exemple, pour leur peau et leur chair. Après c’est tout aussi difficile en France ou en Europe si on franchit les portes des abattoirs ou des ?levages industriels, et sans exagérer les animaux sont victimes de violences comparables ? ce que je viens de décrier, c’est pour cela qu’ils restent bien cachés du public.
ēMBē : Le reportage est un aspect de la photo que tu veux plus d?velopper ?
Julie : Oui j’aimerais bien, il y a pas mal de chose qui m’effraient mais j’aimerais avoir le courage un jour de les couvrir.
ēMBē : Tu es aussi modèle ? frustrant d’être modèle??
Julie : Non j’adore! Je suis surtout modèle pour des gens que je connais, enfin la plupart du temps.
ēMBē : Peux-tu me transmettre des liens (photo) d’artistes que tu aimes ?
Julie : C’est dur dur de choisir une photo par artiste… Je mets plutôt des artistes dont je suis le boulot actuellement :
- Pour le premier, je te mets une série entière: Ville KansanenJe suis fan fan fan!
- Alessio Albi : j’adore ses traitements et ses ambiances!
- Ensuite: Evelyn Bencicova?: je l’ai découverte avec cette série l? et pareil, je n’arrive pas du tout à choisir, j’aime beaucoup beaucoup de choses, ?a c’est un univers que j’aimerais d’avantages explorer.
- Kyle Thompson
Même topo, ambiance, dur dur choisir… - Dans un tout autre style, j’adore j’adore Sebastiao Salgado, là je ne peux pas mettre une seule photo
ēMBē : Quels sont tes projets actuels et futurs ?
Julie Faire plein de choses, continuer la photo mais toucher ? plein d’autres choses, le dessin le chant la danse la musique la vidéo haha! Et approfondir une démarche artistique, parce que je me sens très « bébé » à ce niveau.
ēMBē : Tu as un artiste que tu veux nous faire découvrir ?
Julie Parmi mes amis il y en a plein, qui sont tous très très talentueux, mais là tout de suite je dirais Julien Chambon, parce que j’aime beaucoup beaucoup ses photos, et j’adore sa façon d’aborder la photo, tout l’intéresse, même s’il fait de sa spécialité? l’argentique. Il est passionné? aussi bien par le matériel que par la discipline et il expérimente beaucoup
ēMBē : Quelle est la question tu aurais aimé que je te pose et quelle est la réponse?
Julie : Il y en a déjà pas mal
Merci Julie pour ton temps et ton partage, comme sa photo en préambule de cet article, Julie rayonne par ses photos Fine Art et ses reportages. Je vous invite fortement ? faire un petit tour sur son site web, et on l’a suivra de près pour ses prochains projets.
Site web :juliecherki.fr
Facebook : Cherki
Flickr : juliecherki
Article retranscrit à partir de l’interview de Julie Cherki par ēMBē
Cet article est diffusé avec l’accord de Julie Cherki,
Toutes photos qui illustrent cet article ont un copyright de Julie Cherki.
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