Cela fait un petit bout de temps que j’ai pas fait d’interview, pour ce redémarage nous allons découvrir Pauline Goyard, après être passé au Gobelin.. elle se trouve par un contact (comme elle le dit … mais plus par son talent d’artiste et de pédagogue) à faire une Master Class Adobe.
ēMBē : Peux-tu nous parler un peu de toi ?
Pauline : J’ai 30 ans, je vis à Saint Germain en Laye (mais j’ai la bougeotte donc je voyage beaucoup). J’ai étudié le graphisme, j’ai eu la chance de faire l’école des Gobelins en Motion Design et Design Graphique. J’ai travaillé ensuite quelques année comme directrice artistique, jusqu’à ce que je décide de me reconvertir dans la photo.
ēMBē : Quand as-tu su pour la première fois, que tu voulais devenir photographe ?
Pauline : Pour tout t’avouer, je crois que ma passion n’est pas vraiment la photo mais l’image de manière générale. La photographie c’est mon outil favori pour les créer par contre, mais peut être qu’à une autre époque j’aurai été peintre, qui sait! Ça m’a pris au lycée, quand je me suis rendue compte que la création pouvait être un vrai métier.
ēMBē : Si tu pouvais retourner 10 ans en arrière, quel conseil tu te donnerais ?
Pauline : Destresse, fais-toi confiance, la vie va aller de mieux en mieux 🙂
ēMBē : Que fais-tu quand tu ne fais pas de la photo?
Pauline : Je suis à mon compte depuis plusieurs années déjà, j’ai un studio de portraits, je fais de la direction artistique, et la je lance mon blog pour apprendre aux autres photographes à être plus créatifs avec peu de budget. Je n’ai pas trop le temps de m’ennuyer je t’avouerai! Je passe beaucoup de temps à voyager, ça m’aide à me ressourcer, et je crois que sortir de son quotidien permet aussi de prendre du recul sur sa vie et ses projets.
ēMBē : Si tu devais faire un autre métier que la photo, lequel ?
Pauline : Très très très sincèrement je ne pourrai rien faire d’autre, j’ai eu des dizaines de jobs et j’ai toujours été malheureuse. L’avantage de ça c’est que je n’ai pas le choix, il faut que ça marche! Peut-être que je pourrai faire instructeur de plongée ou d’apnée sur une île tropicale pour quelques mois, mais j’aurai forcément envie de faire des photos des poissons au bout de trois jours!
ēMBē : Les medias sociaux …
Pauline : Je suis mitigée sur les réseaux sociaux : c’est un outil merveilleux pour partager notre travail, et de discuter avec des gens avec qui on n’aurait jamais eu l’opportunité de contacter avant. Mais toute la partie likes et followers me fatigue vraiment, je n’aime pas l’aspect chronophage que ça peut prendre, et on m’a aussi souvent reproché de faire des images pas assez « instagrammable » parce que trop sombre. Moi je m’en fous TELLEMENT de pas être une star de l’instagram, mais souvent le résultat de ça c’est que tout le monde fait la même chose, personne ne prend de risque.
ēMBē : C’est quoi qui t’attire le plus dans une photographie ?
Pauline : Dans une photographie, ce qui m’inspire le plus c’est quand ce n’est pas seulement joli, ou bien fait techniquement, mais qu’il y a quelque chose en plus : une histoire, une émotion, un message. Je n’arrive pas à me contenter de quelque chose de seulement beau, ça m’ennuie!
ēMBē : Qui ou Qu’est-ce qui t’inspirent dans ton travail artistique ?
Pauline : Je pense que la peinture et l’art contemporain m’inspirent beaucoup. Je regarde ce qui se fait dans l’image de manière générale : designers, artistes digitaux, illustrateurs, peintres, motion design, cinéma… Je crois que l’erreur des photographes est de ne s’inspirer que de la photographie.
ēMBē : Sur un shooting c’est la grosse équipe ou petit comité?
Pauline : Je suis plutôt petit comité! Je pense qu’on peut avoir des résultats vraiment dingues avec peu de moyens, et je trouve que plus il y a des gens sur un shooting, plus la pression augmente!
ēMBē : Tu as quoi dans ton sac photo?
Pauline : J’ai mon Canon 7D qui a 6 ans, beaucoup trop de déclenchements à son actif, mis qui tient le coup! Un objectif Sigma art 18-35mm f1.8 que j’utilise pour toutes mes photos artistiques, et un Tamron 24-70mm f2.8 que j’utilise pour toutes mes séances portraits. J’ai deux trois flash cobras Yongnuo que j’utilise en déporté et qui sont mon éclairage studio. Comme tu peux voir je n’ai pas grand chose dans mon sac!
ēMBē : C‘est quoi le matériel dont tu rêves et que tu n’a pas encore?
Pauline : Je t’avouerai que le matériel ne me fait pas rêver. Je pèse vraiment le pour et le contre et avant d’acheter quelque chose je me pose toujours ces questions : est ce que ça va faire de toi une meilleure photographe? Est ce que ça va te rendre plus créative? Est ce que ça va te permettre de gagner plus d’argent? Qu’est ce que tu pourrais faire d’autre avec cet argent qui te ferait avancer plus dans ton projet? On a tous vécu l’expérience de dépenser 1000 euros pour un truc qu’on pensait juste indispensable à notre survie et qui n’est finalement jamais sorti de notre sac!
ēMBē : Tu nous explique ta démarche pour faire une photo ou un projet photographique ?
Pauline : J’adore expliquer ma démarche et montrer mes making-of improbables! Je pense que c’est vraiment important pour aider d’autres photographes à progresser donc j’ai une section “behind the scene” sur mon blog : j’y décompose mes images, et je vous donne tous mes secrets et conseils, n’hésitez pas à aller jeter un oeil ou même à m’envoyer un message pour me demander quelle photo vous aimeriez voir apparaître la prochaine fois!
ēMBē : C’est quoi ton plus grand challenge quand tu fais une photo ?
Pauline : Le plus grand c’est de surpasser ma peur et de me lancer. Quand j’ai une idée en tête que je veux réaliser je suis toujours terrifiée à l’idée de me jeter à l’eau : j’ai peur de faire perdre le temps des gens qui travaillent avec moi, j’ai peur de ne pas réussir à créer ce que j’ai en tête, je suis constamment dans le doute. j’adore apprendre et expérimenter de nouvelles choses tout le temps, mais le prix à payer pour ça c’est que je suis constamment en dehors de ma zone de confort !
ēMBē : Quels sont tes projets actuels et futurs ?
Pauline : Je travaille 4000% de mon temps en ce moment à la mise en place de mon blog : Mon but est d’aider d’autres photographes à être plus créatifs, je partage TOUS mes secrets, tips, making-of, c’est vraiment excitant et j’ai hâte de voir où ça va me mener! Dans les prochains mois je prévois de lancer des formations et du mentoring. En parallèle je continue bien évidemment à faire du portrait!
ēMBē : Dans tes publications, on voit que tu joues beaucoup les ambiance sombre et très contrasté pourquoi cette démarche?
Pauline : J’ai toujours eu une sensibilité plutôt « dark » : je suis fascinés par le fait que des émotions à priori négatives, ou des visions cauchemardesques, portent également une beauté en elles.
ēMBē : Tu nous expliques ton aventure sur la masterclass avec Adobe ?
Pauline : Ça s’est fait assez simplement finalement. J’ai rencontré Raphael Bluzet, un motion designer, il venait de présenter son dernier court métrage à Cannes et Adobe lui a proposé une masterclass à ce moment. Je lui ai dit « WOW C’EST TROP COOL!! comment tu as fait » il m’a mis en contact et ils ont beaucoup aimé mon travail!, et la semaine d’après j’étais dans leurs locaux en live sur Youtube!
ēMBē : Tu as fait les Master Class Adobe / Feature sur Creative Live / Participe avec Sue Bryce ect … whoaaa … comment tu fais ?
Pauline : Je crois que à chaque fois ça se passe en deux phases : genre « hey elle est sympa! » et « hey son travail est cool en plus! ». Derrière ces grosses machines ce sont avant tout des humains passionnés et si vous êtes présents avec la bonne énergie, ça augmente considérablement votre facteur chance! J’ai un bon exemple de ça : j’étais cliente chez Seamless, et j’avais des problèmes avec leurs produits : j’ai écris au service client pour me faire rembourser, et au bout de quelques mails, ils ont été curieux, ont regardé mon travail, et ont fini par me proposer une interview, puis un podcast! Si j’avais été désagréable pendant nos échanges je n’aurai jamais eu cette opportunité! (la vidéo de la Master Class)
ēMBē : Tu nous parles de blackdoorphotography.com ?
Pauline : Ça c’est mon studio de portraits : j’y photographie avant tout des particuliers qui n’aiment pas vraiment se faire prendre en photo. Il ne faut pas se mentir, se faire photographier reste un exercice compliqué pour la majorité d’entre nous! On discute beaucoup, je pense que c’est important d’apprendre à connaitre les gens pour pouvoir montrer qui ils sont, et de passer un vrai moment ensemble. Je reçois tout le monde avec bienveillance et j’y mets beaucoup de temps et d’amour.
ēMBē : Tu as un/une artiste que tu veux nous faire découvrir, et pourquoi ?
Pauline : J’adore de parler de ce qui m’inspire et de mon process créatif sur mon blog, donc n’hésitez pas à aller jeter un oeil! En ce moment mon coeur balance entre Beksinski et Gottfried Helnwein, ce sont tous les deux des peintres avec un univers vraiment dark et particulier! j’ai fait un article de blog là dessus justement! va voir sur mon site
Merci Pauline pour ton temps et ton partage.
Website : paulinegoyard.com
Facebook : pgoyard
Instagram : paulinegoyard
Article retranscrit à partir de l’interview de Pauline Goyard par ēMBē
Cet article est diffusé avec l’accord de Pauline Goyard,
Toutes photos qui illustrent cet article ont un copyright de Pauline Goyard.
Il est interdit de publier, reproduire, ou rediffuser de quelques manière que ce soit tout ou partie du contenu de cet article, qu’il soit sous forme de rédactionnel, de graphique ou d’image, sans l’autorisation expresse son auteur ēMBē.